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Système de Management Intégré (SMI)

Comment intégrer efficacement vos systèmes de management

7 minutes10/25/2023

Initié en 1987, avec la norme ISO 9001, le domaine des systèmes de management a connu une évolution significative. Jusqu'au début des années 2000 l'accent était principalement mis sur les systèmes de management de la qualité, de l'environnement et de la santé et de la sécurité au travail, mais depuis 2005 le contexte a évolué avec l'inclusion de nombreux nouveaux systèmes. Dans le même temps, les attentes en matière de management n'ont cessé de s'élargir.

Pour répondre aux différents défis, les entreprises mettent de plus en plus en œuvre une multitude de systèmes de management qui vont au-delà des normes ISO 9001, 14001, 45001 et 50001 - les quatre principaux systèmes de management QHSE. Avec la multiplication des systèmes de management, leur gestion séparée ou en parallèle devient de plus en plus compliquée. Les systèmes parallèles entraînent une duplication des efforts de documentation, une augmentation du risque de contradictions entre les règles et une diminution de l'adhésion des employés et des parties prenantes. Ce manque d'efficacité souligne la nécessité d'adopter une approche différente, une approche intégrée apte à répondre efficacement à la multitude d'exigences. 

Structure harmonisée : Le fondement de l'intégration

Avec le nombre croissant de systèmes de management, qui sont par ailleurs de plus en plus complexes, il est devenu non seulement essentiel mais aussi très pratique d’adopter une approche intégrée. Toutes les normes ISO de systèmes de management publiées ou révisées à partir de 2012 suivent la structure harmonisée (SH), auparavant nommée structure de haut niveau (HLS, pour high-level structure en anglais). Ce cadre inclut des normes de base qui s’appliquent à tous les systèmes de management ainsi que des définitions de concepts clés. Ces exigences incluent des aspects tels que le contexte de l’organisme, le leadership, le risque et l’analyse des opportunités, l’établissement des objectifs, l’affectation des ressources, les compétences, la communication, la documentation, la maîtrise opérationnelle, la surveillance, la mesure, l’analyse et l’évaluation, l’audit interne et l’amélioration continue. La structure harmonisée organise ces exigences dans les chapitres 4 à 10 conformément au cycle PDCA (Planifier-Développer-Contrôler-Améliorer). En conséquence, les normes ISO pour les systèmes de management ont désormais un texte et une structure cohérents.

Structure des normes ISO selon la structure harmonisée :

Chaque norme ISO affine cette structure pour traiter de domaines spécifiques. Des exigences spécifiques sont ajoutées (souvent mises en évidence par de nouveaux sous-chapitres). Cela permet de clarifier et de cibler chaque système de management dans les normes ISO correspondantes :

Une question de nécessité

Grâce à la structure harmonisée (SH), il est particulièrement clair qu'il existe d'importantes similitudes dans les exigences des différents systèmes de management. Si celles-ci ne sont pas gérées de manière intégrée, il en résulte inévitablement des structures, des processus, des responsabilités et une documentation parallèles - en d'autres termes, des redondances et des doubles tâches inefficaces. Une approche intégrée est donc utile pour exploiter au mieux les synergies entre les systèmes de management.

Définition : Système de Management Intégré

Un SMI est l'unification des exigences de différents systèmes de management par le biais de règles transversales coordonnées dans un système de management global. L'intégration permet une approche de gestion cohérente qui favorise l'efficacité et l'efficience.

Un SMI possède trois caractéristiques :

  • - Il combine les exigences de plusieurs systèmes de management en un seul système

    Il peut s'agir de systèmes de management ISO tels que les normes ISO 9001, 14001, 50001 ou 45001, de normes sectorielles spécifiques (par exemple IATF 16949) ou d'autres approches de management (par exemple ISO 31000, PAS 2060).

  • - Il comprend des directives coordonnées inter-fonctionnelles et inter-services pour les processus, les responsabilités et la documentation associée

    Il répond à la fois aux exigences communes définies dans la structure harmonisée (SH) et aux critères spécifiques liés à des domaines tels que la satisfaction du client dans les SMQ ou l'efficacité environnementale et énergétique dans les SME ou SMÉ. Par conséquent, un SMI répond aux exigences de tous les systèmes sous-jacents.

  • - Il oriente une entreprise vers différents objectifs poursuivis par les systèmes de management sous-jacents

    La coordination est assurée par une définition des priorités, par exemple en ce qui concerne les exigences en matière de qualité, d'environnement, d'énergie, de santé et de sécurité au travail.

Déterminer le potentiel d'intégration étape par étape

Bien que les systèmes de management ISO présentent des exigences uniformes et des structures pour faciliter leur intégration, la structure harmonisée et les normes ISO manquent de lignes directrices explicites sur la manière d'intégrer efficacement ces exigences.

Pour évaluer le potentiel d’intégration des exigences de vos systèmes de management existants et futurs, il est judicieux de réaliser une cartographie des exigences. Cette cartographie permet de catégoriser les exigences en fonction de leur potentiel d’intégration, ce qui permet ensuite de déterminer le niveau d’intégration. Les sections suivantes expliquent ces étapes de manière détaillée avec des exemples concrets d’intégration des quatre principaux systèmes QHSE

Étape 1 : Cartographie des exigences

Pour découvrir les possibilités d'intégration entre les exigences normatives de différents systèmes de management, il est essentiel d’adopter une approche fondée sur l'utilisation de matrices de comparaison ou de tableaux d'équivalence. Ces matrices sont structurées conformément aux chapitres 4 à 10 des normes et facilitent une comparaison détaillée des exigences des systèmes de management à intégrer.

Le processus de cartographie révèle les similitudes et les différences dans la structure et le contenu des exigences des systèmes. Ces résultats permettent d’identifier les potentiels d’intégration. De plus, la cartographie aide à mieux comprendre la structure et le contenu des exigences et des normes du système de management à regrouper dans un même SMI. Dans un premier temps, la cartographie peut être réalisée par chapitres, avant de passer à une cartographie plus détaillée identifiant les différentes exigences d’un même chapitre.

Étape 2 : Catégorisation des exigences normatives

L'exercice de cartographie permet d'identifier les similitudes et les différences dans la structure et le contenu des exigences, ce qui facilite la catégorisation ultérieure des normes. Ce processus de catégorisation est essentiel pour systématiser les exigences complexes, déceler des configurations et des relations, et recueillir des informations clés pour guider les décisions d'intégration. 

Potentiel d'intégration

Le potentiel d'intégration se réfère aux possibilités de créer des règles coordonnées et transversales pour les exigences de différents systèmes de management. Il est influencé par plusieurs facteurs, notamment l’alignement des exigences normatives. Le potentiel d’intégration peut être qualifié d’élevé, de moyen,
de faible ou d’inexistant.

Étape 3 : Détermination du niveau d’intégration

Une fois le potentiel d’intégration évalué, l’étape suivante consiste à déterminer le niveau d’intégration. Le niveau d’intégration reflète la mesure dans laquelle une entreprise coordonne ses processus, ses ressources et sa documentation pour satisfaire les exigences de divers systèmes de management.

Il existe trois grands niveaux d’intégration :

  1. Intégration totale : Cela concerne les exigences des systèmes de management qui sont réglementées pour tous les systèmes de management du SMI. Le niveau d’intégration est très élevé. Exemple : Une politique intégrée sur la qualité, l’environnement, l’énergie et la santé et la sécurité au travail.
  2. Intégration partielle : À ce niveau, des exigences des systèmes de management sont réglementées uniquement pour certains systèmes de management du SMI. Le niveau d’intégration est moyen. Exemple : Une politique intégrée sur l’environnement, l’énergie et la santé et la sécurité au travail avec une politique à part pour la qualité.
  3. Intégration complémentaire : Cela concerne les exigences des systèmes de management qui sont réglementées de manière indépendante pour chaque système de management ou uniquement pour un système spécifique, au lieu d’être applicables à tous les systèmes. Les réglementations correspondantes sont ajoutées au SMI, ce qui se traduit par un faible niveau d’intégration. Exemple : Des politiques séparées pour la qualité, l’environnement, l’énergie et la santé et la sécurité au travail. Autres exemples : les réglementations environnementales spécifiques aux SME et l’identification des dangers et l’évaluation des risques et opportunités propres au SMSST.

Intégration des règles du SMI

Une fois le niveau d'intégration déterminé, il est nécessaire de développer des règles spécifiques pour chaque exigence du système. Si l'objectif est une intégration totale, des règles générales doivent être développées pour tous les systèmes de management. Dans le cas d'une intégration partielle, ces règles ne s'appliquent qu'à certains systèmes de management. Si une exigence du système n'est pas intégrée dans le SMI, un règlement séparé peut être créé spécifiquement pour ce système afin de répondre à ses exigences spécifiques.

Il existe principalement deux options pour structurer les règles d'un SMI :

  • Structure basée sur les normes : cette forme de structure s'inspire de la structure harmonisée (SH) et de la matrice de correspondance élaborée.
  • Structure basée sur les processus : cette forme de structure alogne le SMI sur la cartographie des processus existants, garantissant que les réglementations sont affectées aux différents processus.

Quelle que soit le type de structure du SMI retenu, il est essentiel de disposer d'un lieu central où sont rassemblées toutes les informations et réglementations relatives au SMI. Cela comprend non seulement les documents internes de référence et de justification, mais également les documents externes ou les liens vers des cadastres ou des logiciels. Ce lieu doit être facilement accessible à tous les collaborateurs qui travaillent avec le SMI, avoir une structure claire, une navigation simple et une bonne présentation graphique. Les solutions logicielles sont très utiles à cet égard.

Les avantages d'un système de management intégré

En adoptant un SMI, les entreprises obtiennent une vue d'ensemble de toutes les exigences pertinentes, ce qui leur permet de réaliser des synergies et d'éviter les redondances. Cette approche holistique facilite l'identification et l'atténuation des contradictions.


Un SMI joue un rôle essentiel dans l'identification des objectifs conflictuels et des synergies potentielles entre les exigences des systèmes sous-jacents. Il permet la régulation collective de ces objectifs, tels que la satisfaction du client, la performance environnementale et l'efficacité énergétique, par l'établissement de priorités. Cela favorise la collaboration interfonctionnelle et accroît la transparence des réglementations existantes. La mise en œuvre d'un SMI élimine les doublons inefficaces ou les dispositions contradictoires, ce qui se traduit par une utilisation plus efficace des ressources en termes de temps et de coût d'exploitation des systèmes.

L'équipe Systèmes de Management Intégrés (TIMS) est un groupe de travail interdisciplinaire de l'université de Zittau/Görlitz. Son but est de contribuer efficacement au renforcement du management de la durabilité des entreprises. Pour ce faire, il effectue des recherches sur les systèmes de management de la qualité, de l'environnement, de l'énergie et de la santé et de la sécurité au travail et développe, en collaboration avec des partenaires.

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