Gestion de crise, Santé et sécurité au travail

Le COVID-19, point de vue HSE : mon expérience

Un expert sécurité partage sa vision des aspects de la pandémie

15 minutes 11/06/2021

Ecrit par Timo Kronlöf (traduit)

Le coronavirus, la peur et la distanciation sociale nous ont fait garder nos distances. Ils ont limité nos vies privées et professionnelles. N'est-ce pas ? Je vais vous prouver le contraire. Je vais vous expliquer mon expérience personnelle, familiale et professionnelle pour vous montrer qu’il y a toujours du positif, même pendant les moments les plus durs. Vous découvrirez des points de vue différents sur les théories de la santé et de la sécurité et sur leurs applications.

Finlande - Avril 2020 

Lorsque je regarde à travers ma fenêtre, je vois un paysage tout blanc. Des centaines de mètres nous séparent des voisins les plus proches. Tout est calme et paisible. J’ai l’impression que l’hiver tant attendu est enfin arrivé en Finlande et que je suis parti en vacances d'hiver. Et pourtant ce n'est pas le cas. En réalité, le printemps a éclos depuis longtemps et je passe le confinement dans mon bureau en télétravail.   

Au mois de mars je travaillais encore dans les bureaux de Quentic à Helsinki, presque comme d’habitude. À peine une semaine plus tôt, à ma grande déception, le marathon de ski traditionnel Finlandia avait été annulé. Pas à cause du Covid, mais parce qu’il n’y avait pas assez de neige. Quand on y repense maintenant, début avril, alors que les Jeux Olympiques et le Championnat d'Europe de football ont été reportés, c’est fou de se dire qu’un événement de ski auquel assistent des milliers de spectateurs côte à côte ait été annulé sans qu’il n’y ait eu de commentaires sur la pandémie actuelle. 

Le 11 mars, j’avais un rendez-vous à la banque qui s’est déroulé normalement, même s’il est vrai que la conversation commençait déjà à tourner autour du COVID-19. En ce qui concerne le travail, j’étais déjà passé au télétravail à plein temps. Le 12 mars nos enfants sont allés à la maternelle pour la dernière fois. À partir de ce jour, les événements se sont enchaînés très rapidement. 

Un point de départ intéressant dans cette crise

Nous sommes partis dans une maison individuelle pratiquement isolée à la campagne, à environ une heure de la ville la plus proche. Par hasard, l’automne dernier nous avions fait des travaux dans notre vieux garage pour en faire un bureau tout équipé, avec un bureau électrique, des écrans et des chaises de bureau. Il est évident que ces travaux sont tombés à pic. Au début de la pandémie, nous nous sommes installés dans cette ancienne ferme, que les parents de ma femme continuent d’utiliser de temps en temps tout au long de l’année, et nous y sommes restés. Notre seul contact physique avec le monde extérieur est lorsque nous allions faire les courses deux fois par semaine. 

  • ©unsplash.com/Fabian_Mardi

Début mars, nous travaillions encore au bureau à 100 % chez Quentic et il n’y avait eu aucun impact significatif sur notre travail quotidien. Le 12 mars nous avons même publié le livre blanc le plus important de l’année, le Safety Management Trend Report 2020, alors que l'actualité était déjà très centrée sur la crise. À notre grande satisfaction, le rapport a été bien accueilli et je pense que nous avons réussi à détourner temporairement l'attention des experts en HSE de cette situation stressante. 

Heureusement, le télétravail est très habituel en Finlande et, en général, tous les outils nécessaires sont prêts à être utilisés sans devoir prendre de dispositions particulières : les connexions VPN, Confluence, les services Office 365, Teams, sans oublier la solution SaaS de Quentic, qui ont tous fonctionné sans poser de problèmes. Nous avons constaté que l’utilisation de notre appli a augmenté de 15 % depuis le début de l’épidémie. Sans le savoir, nous étions déjà préparés pour cette situation de travail si particulière. J’ai été ravi de voir comment mes collègues dans 15 pays différents se sont rapidement adaptés au télétravail, en particulier dans les deux bureaux que nous venons d’ouvrir en Italie et en Espagne, deux pays qui ont été fortement touchés par cette épidémie. Nous avons aussi la chance d’avoir un service informatique interne au siège de Berlin, en Allemagne, avec des collègues exceptionnels qui ont aidé tout le monde à utiliser l'accès sécurisé à distance et à faire face à tous les défis informatiques qui se présentaient. 

Qui est prioritaire ? Les enfants, les collègues ou les clients ? 

À cause du Covid il a fallu que je redéfinisse mes priorités. Pour le moment, nos principaux défis sont liés au fait d’avoir des enfants en bas âge. Les enfants réagissent à leur façon face à l’absence de leurs copains et face au fait de ne plus aller à la maternelle et faire les activités qu’ils faisaient habituellement. Leurs réactions émotionnelles sont parfois un véritable défi pour nous en tant que parents. En ce qui concerne le travail, le bien-être des collègues est devenu de plus en plus important et, d’autre part, il est tout aussi indispensable de répondre aux besoins des clients et des partenaires dans le secteur du HSE (hygiène, sécurité et environnement). Cependant, pour moi, l’ordre de priorité « enfants, collègues, clients » était tout à fait naturel : si les choses ne vont pas bien avec la famille, il est impossible de faire du télétravail de manière efficace, et si les collègues et leur propre équipe ne peuvent pas travailler ou s’ils sont malades, il n’est pas possible non plus d’aider les clients. 

  • © unsplash.com/Juliane_Liebermann

Ces dernières semaines m’ont fait accorder d’autant plus de valeur à l’éducation de la petite enfance. En effet, la colonne vertébrale de toute société développée dans son ensemble ce sont ses crèches et ses écoles, la production et la distribution de produits alimentaires, les infrastructures, le système de santé et les acteurs gouvernementaux clés. Et bien que mon travail ne soit pas fondamental pour la survie en ce moment même, je suis très fier de la manière dont nous aidons les compagnies d’électricité et les entreprises de réseaux électriques, les entreprises alimentaires et d’autres acteurs clés de la société à travailler de manière plus efficace en mettant l'accent sur la santé et la sécurité. J’ai remarqué que les experts en HSE de nos réseaux font face à de nouveaux défis considérables dans le cadre de cette pandémie. L’accent n’a jamais autant été mis sur la santé et la sécurité au travail que maintenant. Je suis heureux de pouvoir contribuer au précieux travail que réalisent les directeurs et les spécialistes en HSE.

La pyramide des besoins et le COVID-19 

Après la mi-mars, quand il est devenu évident que la situation n’allait pas s’améliorer rapidement, je me suis forcé à réfléchir activement pour voir si on allait pouvoir tirer quelque chose de positif de tout cela. Au début, il était difficile d’y trouver des avantages mais je me suis vite rendu compte du fait que, par exemple, la communication avec les collègues et les clients se passait de mieux en mieux. Nous avons vu les avantages des outils de collaboration comme Slack et Teams et nous avons enfin réussi à réduire les échanges de mails en interne d’un pays à l’autre. C’est merveilleux et c’est aussi une belle occasion pour nous, dans le secteur du HSE, d’apprendre à mieux communiquer en matière de HSE. C’est l’occasion de sortir le domaine du HSE du fin fond des boîtes mail et de le placer dans les bons contextes. Nous commençons à apprendre comment rendre possible les interactions directes entre les différentes parties et comment baisser le seuil de participation aux discussions en matière de HSE. La numérisation semble progresser bien plus efficacement qu'avant et nous avons tous rigolé en voyant des mèmes à ce sujet comme : 

« Qui dans votre entreprise fait progresser la numérisation ? 

A. Le PDG 

B. Le DSI 

C. Le COVID-19 » 

Au début, toutefois, la réponse collective au stress a plutôt freiné l’innovation en particulier. D’après la pyramide des besoins, c’est une conséquence tout à fait naturelle et, en tant qu’experts en HSE, nous le savons bien. 

Le premier instinct est toujours de satisfaire nos besoins fondamentaux, comme ne pas manquer de nourriture et, bien sûr, de papier toilette. Et ce n’est qu’après qu’entrent en jeu la sécurité et le bien-être. Nous l'avons vu dans un premier temps avec la fièvre du stockage partout dans le monde alors que les gens se ruaient dans les magasins pour faire des provisions tout en s’exposant au risque d’infection. Au tout début, les conversations que je tenais avec mes clients et les parties prenantes m’ont aussi fait remarquer que les niveaux de stress étaient plus élevés en général du point de vue individuel. Durant le pic de stress, on relevait que dans un certain nombre de conversations les scénarios imaginés semblaient étonnamment négatifs : si quelque chose n’allait pas, c’était comme si rien d’autre n’allait. 

Les effets notables sur la société 

Vers la fin du mois de mars, on a commencé à voir des aspects positifs de cette crise au niveau collectif. Les gens ont commencé à comprendre que ce n’était pas la fin du monde. Et que nous allions nous en sortir tous ensemble. Je suis heureux de voir comment se développent ces sentiments d’unité et de solidarité avec l'apparition de diverses initiatives visant à aider les personnes âgées et les petits commerçants ainsi que les personnes ayant des difficultés financières. Après avoir surmonté le premier impact, alors que l’on nous imposait de dures restrictions physiques et sociales, nous avons vu émerger à nouveau l’entraide. C’est là un signe incroyable et une occasion sans précédent de rassembler le monde entier. En fin de compte, nous sommes tous dans un même bateau, la Terre, et nous devons lutter ensemble contre le COVID-19. 

On peut espérer qu’à la fin, tout cela nous aura fait ouvrir les yeux sur la force de la communauté dans son ensemble pour lutter contre des défis mondiaux comme le changement climatique. 

On peut espérer que nous nous rendrons compte du pouvoir et des possibilités de coopération même dans un contexte de difficultés. 

On peut espérer que nous nous souviendrons de comment nous avons surmonté ensemble cette crise, que nous n’avons pas délégué nos responsabilités, que nous en avons fait un bien commun, et que ce n’est pas la loi du plus fort qui a fini par s’imposer. 

Le pouvoir de la culture de sécurité

En tant qu’experts en HSE, nous connaissons bien le pouvoir de la culture de sécurité. Je pense qu’il y a une analogie ici : lorsque tout le monde s’implique pour identifier les risques, contrôler les mesures, suivre les lignes directrices communes, assumer ses responsabilités individuelles et jouer son rôle indépendamment des sanctions, nos chances de réduire les infections, les accidents et les maladies professionnelles augmentent. 

Maintenant, début avril, on a l’impression que la vie commence à reprendre son cours. Chez Quentic, nous avons relancé la machine de l’innovation. Inspirés par une inspection interne sur la santé et la sécurité au travail, nous avons développé une évaluation des risques en télétravail. Et bien sûr, nous avons également créé une check-list à intégrer dans notre application Quentic à partir de ce modèle d’évaluation. 

Nous avons décidé de partager gratuitement l’évaluation du télétravail avec tous nos clients. Grâce à cela, nous pouvons vous faciliter un peu la vie, aider nos clients à supporter la charge psychosociale et mieux comprendre les enjeux du télétravail au sein de notre entreprise. 

Vous pouvez demander l’activation de l’audit sur votre compte en écrivant à votre personne de contact ou en envoyant un message à notre service client (support@quentic.com). Nous avons également souhaité aider d’autres personnes, pas seulement nos clients, et nous avons donc décidé de mettre à disposition des villes, des communes et des administrations publiques une version gratuite de notre logiciel pendant la durée de la pandémie de COVID-19. 

Ma famille et moi allons bien, nous sommes toujours à la campagne, nous pratiquons la distanciation sociale et nos niveaux de stress diminuent. J’espère sincèrement, chers lecteurs, que vous allez bien aussi. Souvenez-vous de rester chez vous et de prendre soin de vous-même et des autres.

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